Ce jour-là, nous sommes de passage à Amsterdam dans le cadre d'un voyage d'études au Pays-bas organisé par l'ENSTA.

Le voyage d'une semaine a débuté le lundi par le décollage à bord d'un Transall de l'armée (l''ENSTA est une école d'ingénieurs qui dépend du ministère de la défense). Nous étions assis comme des parachutistes dans l'avion non aménagé pour le transport civil et dans un vacarme assourdissant. Heureusement, ça n'a pas duré trop longtemps.

Lors de notre passage à Rotterdam (voyage d'études oblige, la visite du port de commerce en fait partie), les rues étaient tristes et désertes. Le froid était tellement vif que notre visage était littéralement gelé et une fois rentré au foyer, nous ne pouvions plus parler pendant plusieurs minutes.

Nous étions assez indisciplinés, mais nos hôtes le cherchaient bien. Un jour, lors d'un repas, nous n'arrivions pas à nous faire apporter de l'eau pour accompagner le déjeuner; il faut dire que ce n'est pas dans leur habitude de boire pendant les repas, ou alors du vin ou de la bière à la rigueur. Nous avons dû faire une descente à la cuisine pour y remédier nous-mêmes.

Malgré tout, le voyage a été très instructif avec la visite très impressionnante des immenses vannes qui permettent de maintenir asséchés les polders situés sous le niveau de la mer.

Ce soir, avec quelques camarades, nous avons acheté un billet pour le concert du soir au Contertgebow. Au programme, Vladimir Ashkenazy dans Mozart et Rachmaninov. Ce fut une soirée magnifique dans une des plus belles salles de concert du monde.

Il y a eu un grand bruit et les vitres de l'appartement ont vibré comme si un avion avait passé le mur du son. Je suis sorti sur le balcon pour apercevoir quelque chose, mais je n'ai rien vu. C'est en regardant les informations du soir à la télévision que j'apprends qu'il y a eu un attentat près de la Synagogue de la rue Copernic, à quelques dizaines de mètres de la rue Lauriston, et qu'il a eu des victimes.

Décidément, la chance me sourit : je viens d'être averti qu'un désistement me permet d'opter pour l'option Génie Industriel à l'ENSTA. J'ai maintenant l'embarras du choix. Mais en fait, j'ai pris conscience que je l'avais mis en second choix, pensant ne jamais pouvoir y être admis et que mes stages chez Jeumont-Schneider favoriseraient plutôt mon admission en Génie Industriel. Après réflexion, je crois que je vais choisir l'option Génie Maritime.

Je commence aujourd'hui un stage chez Jeumont-Scheider. Cette fois, il est prévu que ça se passe au bureau des études nucléaires où j'aiderai à l'élaboration des données pour l'analyse thermique des commandes de barres de régulation des réacteurs.

Grande nouvelle! Je viens de recevoir un courrier de l'ENSTA m'annonçant qu'ils acceptent ma candidature dans cette école prestigieuse. J'avais demandé l'option Génie Industriel en premier choix et l'option Génie Maritime en second choix et c'est pour cette dernière que j'ai été admis. Dilemme : accepter de suite le second choix ou attendre un désistement afin d'opter pour le premier choix.