Michael Ahl

Mémoire de nos pères (Clint Eastwood - 2006)

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Ce film n’est pas un film de guerre, mais un film SUR la guerre. Il est intelligemment articulé autour de cette photographie légendaire du lever d’un drapeau sur un point culminant de la petite île d’Iwo Jima. D’un côté, Clint Eastwood nous montre la guerre, moche, sale, répugnante avec des images chocs de mort et de souffrance. Les images les plus terribles ne sont d’ailleurs pas les plus gores, mais celles où des soldats voient leurs camarades mourir dans leurs bras. De l’autre, il nous montre la récupération politique d’un événement pour redonner à l’opinion lasse de cette guerre l’envie de continuer et d’en finir. Les héros sont fatigués. Ils n’en peuvent plus de ces massacres autant que de la vacuité des autorités qui ne savent plus comment terminer ce conflit. On sait qu’à la suite de cette bataille féroce, la première sur le sol japonais, les états-unis ont pris la mesure des difficultés qui les attendaient dans les mois, voire les années à venir et que l’opinion cèderait avant d’en terminer avec encore plus de larmes et de sang. C’est cette prise de conscience qui a motivé l’utilisation de l’arme atomique. La mise en scène est remarquablement intelligente, les héros fêtés par le peuple se rappelant les heures terribles qu’ils ont passées sur ce bout de terre noire et malodorante. Et les acteurs sont tout aussi formidables, en particulier Adam Reach dans le rôle d’un indien, le plus américain de ces héros, par le sol, mais qui ne supportera pas la mascarade qu’on cherche à lui imposer.