Mes parents me laissaient à Arcachon jusqu'au début du mois de septembre. Cette époque de l'année était des plus agréables pour de nombreuses raisons.

Tout d'abord, à la fin du mois d'août commençaient les grandes marées. Je n'ai jamais aimé les marées basses à cause du fond de l'eau plein d'algues et vaseux par endroits. Par contre, la marée haute permettait à la mer de venir jusqu'aux perrets qui bordaient la plage.

Pour bien comprendre mon récit, il faut avoir en tête la configuration de la plage des Abatilles. Autrefois, la dune descendait directement vers la plage. Pour la maintenir en place, car ces collines de sable n'arrêtent pas de bouger, on y a planté des pins maritimes. Et pour éviter que la mer ne vienne rogner le littoral, on a construit des espèces de digue en pierre (des perrets). Du coup, la plage est surélevée par rapport à la mer, même à marée haute. De mon temps, il existait encore cette “plage du haut” comme on disait, recouverte de sable fin très agréable quand le soleil l'avait chauffé (parfois il devenait même brûlant). A marée basse, la “plage du bas” devenait accessible. Maintenant, ils ont reconstruit une promenade goudronnée en haut et même planté du gazon (je me rappelle même qu'il a été acheminé de Russie en gros rouleaux). Pour assurer aux estivants une plage permanente, ils ont également amené d'énormes quantités de sable.

Donc, de mon temps, aux grandes marées, on pouvait plonger dans la mer à partir des perrets ou des escaliers aménagés pour descendre jusqu'à la plage. Le moment de la baignade en devenait vraiment amusant.

La fin du mois d'août était également le temps des mûres sauvages et donc des confitures. Les mûriers sauvages pullulaient dans la forêt landaise, formant des buissons de ronces. La récolte était prolifique et même en comptant les quantités de fruits que nous dégustions sur place jusqu'à en être malade, il en restait bien assez pour faire des tas de pots de confiture. Plus tard, les autorités ont débroussaillé ces zones forestières pour éviter les incendies. On le comprend, mais c'est vraiment dommage. Je n'ai que très rarement retrouvé le goût délicat de ce fruit dans le commerce.

A cette époque, nous récoltions également les arbouses, des petites boules granuleuses jaunes puis rouges qui n'avaient pas mauvais goût.

Le mois d'août, c'était aussi la période des orages, toujours très impressionnants dans cette région.