Il embarque alors comme passager sur le "Saghalien" qui assure la liaison entre l'Europe et Singapour. Il voyage en première classe, jouissant des plaisirs culinaires en compagnie de l'état-major du navire qui l'accueille avec bienveillance. Sachant que son séjour en Extrême-Orient sera long, il envisage sérieusement d'apprendre l'anglais et même le malais.

Pendant plusieurs mois, il navigue à bord du vapeur "Le Godavéry" qui assure la ligne de Batavia. Son service lui procure de nombreux loisirs qu'il occupe en allant chasser en compagnie du médecin du bord. Il apprécie grandement la ville de Singapour, mais il trouve la vie chère. Il pense à faire commerce de corail en espérant faire voyager la marchandise à peu de frais.

En octobre 1894, en l'absence de deux officiers du pont et du commissaire, il assure brillamment les fonctions de second. Mais surtout, le navire semble avoir eu des problèmes et doit faire escale pour des réparations. Edmond fait preuve alors de sérieuses connaissances, ce qui incite son commandant à le recommander pour être admis dans les cadres de la compagnie, dans une lettre postée de Singapour le 15 octobre 1894.

Le 14 novembre 1894, il est donc admis dans le cadre des lieutenants par décision du conseil d'administration; il porte le numéro de matricule 1000. Son premier poste semble être celui de second sur le vapeur "Le Godavéry" qu'il n'a donc pas quitté.

En janvier 1895, il souffre pour la première fois de fortes fièvres paludéennes qui le fatiguent tellement que son commandant songe à le renvoyer en France. Pendant tout le voyage du vapeur, Edmond ne peut pas tenir son poste. Le 17 juin 1895, le commandant écrit de Singapour au directeur de la compagnie pour demander le remplacement de son second qui arrivera de Natal (Brésil) le mois suivant. Rapatrié à Marseille, Edmond écrit à sa compagnie pour solliciter un congé de convalescence de deux mois, ce qui lui est accordé avec solde entier.

Cette période, alors qu'il vient à peine de débuter sa carrière, est dramatique pour Edmond. Son père est décédé le 27 février 1895, puis sa mère le 1er janvier 1896. Etant le seul homme de la famille, il doit s'occuper de régler la succession.